Rencontre avec Frédéric Gobin, Directeur Général des Papillons Blancs du Finistère

Rencontre avec Frédéric Gobin, Directeur Général des Papillons Blancs du Finistère

1 novembre 2022

Depuis plusieurs années, UMANEIS RH est partenaire de l’Unapei. Ce mouvement qui réunit 330 associations s’engage au quotidien pour la cause du handicap. Les Papillons Blancs du Finistère est une association affiliée au mouvement de l’Unapei, aussi nous sommes allés à la rencontre de son Directeur Général, Frédéric Gobin.

Rencontre avec Frédéric Gobin, Directeur Général des Papillons Blancs du Finistère

 

Monsieur Gobin, vous êtes Directeur Général des Papillons Blancs du Finistère, pouvez-vous nous présenter l’association ?

 

Née en 1961, Les Papillons Blancs du Finistère est une association très présente dans le paysage finistérien. Nous sommes affiliés à l’Unapei, et à ce titre, nous militons pour la défense des personnes en situation de handicap auprès d’un mouvement  atypique, car porté et géré par des parents d’enfants handicapés. Notre mission est de proposer un accompagnement à tout âge de la vie d’une personne, de sa naissance à sa vie d’adulte. Nous intervenons en matière de prévention santé, de soins, d’éducation, de scolarisation, d’habitat, de vie sociale, de formation et de travail.

 

Quel est votre parcours ?

 

Au départ, je suis travailleur social. J’ai gravi les marches. Je deviens successivement coordinateur éducateur puis chef de service éducatif. Je forge mes socles de compétences et suis nommé directeur adjoint puis directeur et enfin directeur de pôle départemental. C’est lors de mes missions en tant que directeur que j’ai pu connaître des moments de pleine responsabilité et que j’ai notamment pris conscience de la nécessité de déléguer. J’ai eu ensuite la chance d’occuper pour la Mutuelle Sociale Agricole la fonction de Directeur d’association, comprenant la gestion d’un hôpital. Ce fut une expérience très riche, difficile mais riche. J’étais en effet formé, mais pas sur le plan sanitaire. J’aime cependant travailler selon une démarche heuristique et je capitalise le savoir terrain en connaissance.

 

En cette fin de carrière, je me sens rattrapé par une dualité : le pragmatisme du poste (la bonne gestion) et un aspect humaniste qui m’invite à sortir du cadre. Alors, je me lance, à 54 ans, dans un doctorat qui traite du sens donné à l’action sociale à travers la production de données.

 

Quelles ont été vos motivations pour travailler dans le secteur Médico-Social ?

 

Je suis travailleur social, c’est mon origine. On peut donc dire que c’est toujours un peu, quelque part l’histoire personnelle qui s’exprime. En effet, je voulais aussi être prêtre. Aider l’autre, c’est quelque chose qui reste.

 

Quelles sont vos principales missions en tant que Directeur Général ?

 

La fonction de Directeur Général est au carrefour du politique et du technique : je travaille toujours sur la question de la stratégie, je mets en place des tactiques, j’aime jouer aux échecs et cette réflexion complexe doit être effectuée avec les équipes pour réaliser les choses. La responsabilité de Directeur Général est grande car nous avons le pouvoir d’agir sur beaucoup de choses. Toutefois, il s’agit d’un pouvoir fragile, car nous agissons au service de l’intérêt général.

 

Selon moi, les directeurs sont de bons directeurs lorsqu’ils restent généralistes : nous devons pouvoir travailler avec des experts, savoir arbitrer tout en restant bien entouré. Je fonctionne beaucoup sur une dynamique de conduite de projets et, depuis ces dernières années complexes, je travaille aussi beaucoup sur la gestion des risques. Il s’agit alors de voir ce qui est acceptable et ce qui ne l’est pas.  

 

Quels sont les enjeux actuels de votre association et du secteur ?

 

Le secteur est fragilisé, les enjeux sont donc cruciaux. Depuis 2017, les politiques publiques - à travers le tout inclusif - laissent croire que les institutions n’ont plus leur place dans le médico-social. On pourrait se dire que transformer l’activité au profit de la population c’est normal, mais aucun alignement législatif n’est prévu, il y a donc une incohérence totale. On constate un effet de silo, une perte d’efficacité. Ainsi, nous avons le sentiment de ne pas être aussi importants que d’autres secteurs. Nous pourrions pourtant profiter du fait que nous sommes un secteur historique essentiel pour une société sociale. C’est vers nous que l’on devrait trouver du savoir-faire vis-à-vis de personnes vulnérables, et pourtant nous n’avons jamais été nous-mêmes aussi fragiles.

 

Que diriez-vous aux candidats qui souhaitent rejoindre le domaine du handicap ?

 

Je les écouterais d’abord. Je suis un dinosaure, aussi je leur dirais de ne pas commettre mes erreurs en allant vers un schéma qui n’est pas à jour. J’écouterais la motivation avant de mettre une matrice dessus. Je serais plus attentif à la personnalité et moins concentré sur la compétence technique. La personnalité est un moteur plus important. Je pourrais leur demander simplement : comment avez-vous résolu un problème ? Et une chose essentielle : je vérifierais que la personne parle des autres. Et enfin, je dirais juste : soyez altruiste.